Comme je l'explique dans mes messages précédents, le syndrome d'asperger a de multiple conséquence sur moi. Parmi ces conséquences, certaines sont plus ou moins visible selon que je souhaite ou non les afficher au grand jour. Si j'ai du mal à lire les émotions des autres c'est en grande partie parce que à titre personnel je n'en ai que très peu.
Je ne peux pas dire que je n'ai pas d'émotions du tout, mais elles sont différentes de celle du commun des mortels. La meilleure façon de les décrire serait de dire qu'elles sont réduites ou étouffées, un peu comme si elles étaient des vestiges primitifs d'émotions réelles.
Vous me demanderez comment je peux le savoir et comment je peux hiérarchiser mes émotions par rapport à celles des autres. Je répondrais par l'observation des autres, que ce soit dans la vie de tout les jours, les romans, les films ou les séries. Je ne peux que constater par cette observation que je ne perçois et ne réagis pas aux évènements extérieurs comme les autres.
Pour chaque émotion normale j'ai une variante. Mes émotions sont moins démonstratives et moins spontanées que les vôtres. Chez moi elles sont plus intellectuelles et réfléchies.
Mis à part situations extrêmes qui par leur violence vont percer ma carapace, je n'extériorise pour ainsi dire aucune émotion.
À chaque émotion normale j'ai une variante.
Je ne connais pas la joie ou le bonheur mais la satisfaction d'une chose faite.
Je ne connais pas la tristesse mais la déception.
Je ne connais pas l'amour mais la reconnaissance et l'appréciation.
Je ne connais pas la colère mais tout au plus un agacement.
Je ne connais pas l'envie mais le besoin.
Je ne connais pas la peur ou le trac tout au plus l'instinct de conservation.
Et ainsi de suite...
Je dois composer avec ces différences car elles font que je ne réagi pas comme les autres à des situations
données. Il faut vraiment en faire beaucoup pour réussir à me faire perdre mon self contrôle. Je me mets difficilement en colère même si je connais l'exaspération.
Le problème est que je dois me rappeler en permanence que les autres ne fonctionnent pas ainsi. Je peux facilement me montrer cassant voir blessant avec quelqu'un sans me rendre compte que, ce qui pour moi n'est que le constat d'une situation donnée, peut être dur à entendre et à encaisser...
Je ne connais pas la peur ni la retenue. Ne me rentrez jamais dedans directement car vous pourriez être surpris du retour de bâton. De même, face à une situation de danger, je peux agir de façon décalée voir imprudente. Je serais tout à fait capable d'agresser mon agresseur si je sens que j'ai une possibilité de prendre le dessus. Seul l'instinct de conservation pourra me retenir... Un conseil, ne faite jamais de moi votre ennemi car vous le regretteriez amèrement...
Cela ne veux pas dire que je ne peux pas ressentir de véritables émotions mais elles sont très rares et je peux les compter sans problèmes sur les vingt dernières années. Elles sont très difficiles à vivre pour moi car totalement incontrôlable et me dépassent. Cela peut être une crise de larmes incontrôlable pour la mort de quelqu'un de proche ou un fou rire pour une raison inappropriée.
J'ai également beaucoup de mal avec les émotions des autres qui vont me mettre très mal à l'aise car je ne sais pas comment réagir face à une débauche émotionnelle que je vais trouver inappropriée voir impudique faute de les comprendre. J'ai du mal avec les personnes colériques, tristes ou exubérantes.
Le plus curieux pour moi est qu'il m'arrive d'avoir de "vrais" émotions dans mes rêves en dormant. C'est rare et fort perturbant. Il m'arrive dans mon rêve de revivre des évènements passés où je n'ai pas eu d'émotions particulières et là de connaître une vrai émotion violente et incontrôlée. Je me réveille alors accablé selon le cas par la culpabilité, la peur, la tristesse, la colère, l'amour etc... Cela me fait un peu l'impression de me retrouver pris dans une tempête émotionnelle. Je pense que le subconscient doit reprendre le contrôle de mes émotions une fois les barrières baissées...