Voici un peu plus d'un an j'avais fais sur ce blog un article sur le superbe livre de Josef Schovanec "Je suis à l'est". L'auteur de ce livre, autiste asperger comme moi, y narrais son parcours de sa petite enfance à l'âge adulte avec ses nombreuses expériences bonnes et mauvaises d'autiste au sein d'une société de "normaux".
Si les thèmes abordés n'était pas toujours des plus faciles (harcèlement scolaire, parcours psychiatrique, etc...) il le faisait avec l'humour et la qualité de narration qui le caractérisent.
Ce premier livre à rencontré un bon succès en librairie et à permis à certain de voir que l'autisme ne se résumait pas uniquement à Rain Man et que l'on pouvait vivre correctement (je ne dirais pas volontairement normalement) quand on est atteins d'un trouble du spectre autistique.
Josef Schovanec est devenu une petite célébrité du domaine de l'autisme grâce à son discours tranchant avec celui des sommités auto proclamées de la psychiatrie et surtout avec son humour caractéristique.
Sa célébrité lui a value d'être invité sur des plateaux de télévision ou à la radio où malheureusement il n'était pas toujours à son avantage dans des émissions super formatées ne servant qu'à boucher des trous entre deux pages de publicités.
Si vous ne le connaissez pas et que vous souhaitez le découvrir je vous invite chaudement à taper son nom sous You Tube pour découvrir plusieurs de ses prestations dans des colloques et séminaires sur l'autisme. Toutes ses interventions sont savoureuses et croustillantes.
Mais je m'écarte du sujet du jour à savoir son deuxième livre.
Le titre en lui même résume plutôt bien le sujet : "éloge du voyage à l'usage des autistes et de ceux qui ne le sont pas assez". Josef est un passionné de langues étrangères notamment les langues slaves, du moyen orient ou d'Asie. En toute modestie il peut se targuer d'en maîtriser une dizaine.
Jusque là rien de vraiment exceptionnel (toutes proportions gardées bien sûr) pour un autiste. Vous vous dites que c'est là son "intérêt restreint" qu'il le pratique avec une pile de livres achetés sur le net et enfermé à double tour chez lui loin des autres. Que nenni !
Josef pratique des langues vivantes et va sur le terrain pour les apprendre et quand je parle de terrain je ne parle pas du cours du soir d’à côté mais du pays d'origine de la langue. Monsieur est un vrai globe trotter, passant plus de temps à l'étranger qu'en France et dormant rarement plus de 5 jours d'affilés au même endroit.
De fait, Josef parcours le monde profitant de colloques et séminaires auxquels il est conviés par diverses universités et organisations ou de sa propre ingéniosité en voyageant à moindre coût.
C'est ces expériences qu'il nous propose de découvrir dans ce livre. Son propos est de montrer que malgré son handicap il parcours le monde et va à la rencontre des autres. Ici pas de fanfaronnade histoire de montrer où il a planté son drapeau sur une carte.
Josef ne cherche pas les destinations touristiques et les hôtels prisés par le troupeau des touristes mais plutôt la simplicité et l'authenticité de la vie quotidienne des autochtones. Il nous explique comment, avec ses maigres ressources, il parvient à vivre bien et simplement à l'autre bout du monde et toute la richesse intellectuelle et spirituelle qu'il en retire.
Encore une fois, comme pour son précédent ouvrage, il ne cherche pas à faire du misérabilisme ou de l'auto apitoiement sur le malheur d'être autiste mais plutôt à donner simplement une leçon de vie pleine de sensibilité, d'humour, de culture et d'intelligence.
Il nous compte ses petits plaisirs comme le bruit du métro russe, découvrir des lieux insolites et inconnus, etc...
Il explique que paradoxalement en allant à l'étranger sa différence disparaît. En effet, soi ses traits autistiques peuvent devenir des qualités dans certains pays (comme le Japon), soi étant étranger les autres ne prêtent pas attention à ces aspects pensant par ignorance qu'ils sont caractéristiques de sont pays origine. Il montre avec humour la façon dont il envisage le voyage avec ses spécificités comparé à la vision limitée des neurotypiques.
Le livre se laisse lire sans déplaisir même si à titre personnel j'ai préféré la première moitié à la seconde que j'ai trouvé un peu confuse car trop riche d'expérience trop vite enchaînées.
Au final un très bon récit autobiographique sur un versant laissé de côté dans le premier livre.
Personnellement, je suis bluffé par ses expériences, moi qui n'est pour ainsi dire jamais voyagé...
J'ai plus voyagé par les livres que j'ai pu lire ou les documentaires que j'ai vu qu'autre chose.
J'aime me définir par deux traits : voyageur immobile / rêveur éveillé. Ce que mon corps ne fait pas mon esprit et mon imagination l'ont fait mille fois.