Le syndrome d’Asperger entraîne chez moi des particularités tantôt pratiques tantôt gênantes.
En effet, il peut s’accompagner chez certains d’entre nous de phénomènes d’hypo-sensibilité ou à l’inverse d’hypersensibilité. Cela peut être pour différents aspects tel que la luminosité, la température, la douleur, les odeurs, bruits, le touché, etc… Bien souvent notre échelle de valeur pour tout ce qui est perceptions sensorielles est plus ou moins décalée par rapport à celle des gens dit "normaux".
Chez moi la manifestation la plus flagrante est le fait que je supporte sans problème le froid et que je craigne la chaleur. Heureusement que je vis seul, car je ne chauffe que peu mon appartement où une température de 17/18° est tout à fait acceptable selon mes critères. Et encore avec cette température si vous passez chez moi à l’improviste, vous me trouverez en short, en Tee Shirt et pieds nus. Tant que le froid n’est pas cinglant avec un vent glacial qui vous agresse je ne ressens pour ainsi dire aucune gêne. Si cela ne tenait qu’à moi, je resterais en chemisette et Tee Shirt tout au long de l’année. Néanmoins, comme je travaille, je suis confronté à l’incrédulité exaspérante de mes collègues (surtout féminines) qui se "choquent" de me voir bras nus en plein mois de décembre. Résultat, pour paraître plus "normal" je mets des vêtements plus chauds à manches longues même si je subis un inconfort réel. Mais contrairement au dicton l’habit fait bien le moine.
Cela ne veut pas dire pour autant que je bénéficie d’une résistance hors du commun mais plutôt que le curseur de ma tolérance à la température n’est pas correctement indexé par rapport à celui de la masse des autres.
En effet, si je supporte très bien le froid il n’en va pas de même de la chaleur qui peut très vite devenir accablante pour moi. Et quand je dis très vite je ne parle pas de 35 ou 40° mais plutôt de 22/25°. Le moindre effort me coûte énormément et je transpire pour un rien. Plus qu’une gêne, passé 30° c’est une véritable souffrance que je ressens. Je pourrais passer des heures sous une clim dans ces circonstances.
Quand je suis seul cette désynchronisation n’est trop gênante mais en groupe elle peut devenir source d’incompréhension voir de moquerie. Les autres pensant que je suis une chochotte voir un emmerdeur.
Le pire pour moi est l’été au bureau. Je le partage avec 3 collègues adeptes des grandes chaleurs qui ne supportent pas la clim et laissent les fenêtres grandes ouvertes. Résultat je suis contraint de "mendier" des temps de climatiseur. Il n’y a aucune méchanceté chez eux ou volonté de me nuire mais ils ne peuvent pas comprendre ce décalage de tolérance. C’est un peu comme si moi en plein hiver alors qu’il fait 5° dehors j’ouvrais grand les fenêtres et leur interdisais de mettre le chauffage. L’exemple est certes poussé à l’extrême mais correspond à ce que je ressens et pour le coup me conviendrait tout à fait pour travailler.
Autre particularité lié à ce décalage c’est que je ne "comprend" pas le vocabulaire lié au temps. Pour les neurotypiques le ciel bleu, la chaleur et le soleil c’est le "beau temps" et par contrario les nuages, le froid, et la pluie sont du "mauvais temps". Mis à part son côté salissant (je ne supporte pas d’avoir des traces de chaussures mouillées chez moi ou avoir de l’eau sur mes lunettes) j’adore la pluie. J’aime la voir couler et cela ne me dérange pas d’être dessous en pleine averse. Il en va de même des nuages que je peux regarder pendant de long moment avec plaisir. Résultat, pour moi la conception du beau temps est totalement inversée par rapport à celle des autres.
Pour ce qui est des autres sens c’est peut-être moins évident mais le décalage existe bel et bien. La lumière vive est source de gêne et je supporte assez difficilement la lumière artificielle des néons. Seule la lumière naturelle trouve grâce à mes yeux. Il en va de même avec la douleur où certaines fois je peux ne pas ressentir de douleurs alors que j’ai un réel problème : clou enfoncé de 2 cm dans la paume de la main, tendon d’Achille arraché, etc… Certaines odeurs peuvent m’être difficilement supportable ou tout au moins fort incommodante tel que les parfums et eaux de toilette, les odeurs de fruits trop mures (bananes, melon, pomme, etc…).
Ainsi que je le disais dans des messages antérieurs la conjonction de certains voir de la totalité de ces gênes peut conduire à des situations assez inconfortable. Par exemple c'est le cas des concentrations de personnes dans des espaces réduits comme une célébration d'anniversaire ou les transports en commun. Il m'est déjà arrivé de descendre d'un tram trop bondé pour finir le trajet à pied. Le mélange de la proximité de gens, les contacts physique, leurs odeurs, la chaleur, le bruit peuvent déclencher chez moi des crises d'angoisses et de claustrophobie sévère. Quand cela ce produit je me renferme sur moi même, je ne parviens plus à me concentrer sur une conversation, je transpire. En gros il vaut de je parte loin pour "éteindre" ces agressions sensorielles.
Au final rien de catastrophique en soit, mais ce décalage de perception venant se rajouter au handicap social existant, il ne fait qu'agrandir le fossé qui me sépare des "normaux".
Enfin ! Enfin j'ai trouvé quelqu'un en mesure de me comprendre ! Je suis au collège en 3eme et par -10 je suis en manche courte tranquille mais en cours avec le chauffage a fond je meurs il fait au moins 30° ! Les autres se foutent de ma gueule car je suis différent que je suis en t shirt et comme toi je n'aime pas la lumière des néons mais je pensais que c'était désagréable pour tout le monde !
RépondreSupprimerTrès bel article, je m'y retrouve sur un certain nombre de points, aussi bien par rapport au froid et chaleur, que pour la perception du "beau temps" et du temps "pourri" (quand je regarde la météo à la télé, le manque de neutralité des présentateurs/trices me saute aux yeux), ou encore à la claustrophobie. Comme vous, je fais l'objet de multiples incompréhensions, parfois même de conflits (certains me regardent de haut en me prenant pour un "résistant hors du commun au froid" et un incroyable paresseux l'été). Étant légèrement claustrophobe (ou plutôt, variable), c'est avec grand plaisir que je me promène dehors en hiver (avec une veste ouverte et un pull fin en dessous), printemps ou automne, alors que l'été, je n'ai pas d'autre choix que de rester cloîtré.
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