La sortie en kiosque chez Urban Comics il y a quelques semaines de Before Watchmen, fascicule regroupant une sélection des premiers titres publiés par DC en hommage à la série originale et ce déroulant avant, m'a donné une furieuse envie de relire Watchmen.
Watchmen est un peu le Saint Grall pour le lecteur de comics. C'est une œuvre emblématique qui, il y a un peu plus de 25 ans, a bouleversée la donne dans l'univers des comics américains. Il y a un avant et un après Watchmen. Cette série a fait basculer les comics dans l'âge adulte en proposant une intrigue riche et complexe.
A l'époque de sa sortie la série a été multi récompensé que ce soit par un prix Hugo aux USA en 1988 ou par le prix de la meilleure œuvre étrangère au Festival de la BD d'Angoulême en 1989. Son influence dépasse même le domaine du comics car le magasine Time l'a inclue dans son classement des 100 meilleurs romans en langue anglaise parus depuis 1923.
A la base le projet n'était pas super sexy. En effet, au début des années 80, DC, l'un des deux plus gros éditeurs de comics aux USA, avait décidé de sortir un titre basé sur un catalogue de personnages issus d'un vieux label de comics des années 40/60 récemment acheté : Charlton Comics.
Le projet a été confié à Alan Moore qui a l'époque n'était pas encore aussi connu. Il avait à son actif les début de la série V pour vendetta et travaillait sur un titre alors mineur Swamp Thing. Très vite sa vision et son génie ont transcendé le projet initial. Il a gardé quelques personnages tout en en changeant les noms et pouvoirs pour les injecter dans son imagination.
L'histoire de Watchmen est complexe. Nous sommes en 1985 dans une Amérique subtilement différente de la notre. Les USA et l'URSS sont au bord du conflit nucléaire. Des justiciers masqués sans super pouvoirs ont fait régner l'ordre des années 40 à 1977, date à laquelle leur activité a été interdite par une loi. Un seul être est réellement doté de super pouvoir qui font de lui un quasi dieu suite à un accident nucléaire : le docteur Manhattan. Sa seule existence bouleverse l'équilibre des forces en les deux super puissances mondiales. Le premier numéro s'ouvre sur l'assassinat d'un de ces anciens héros à la retraite. Cette mort va être le déclencheur d'une crise majeure qui va remettre en service certain de ces anciens héros.
L'histoire est très sombre et torturée. Alan Moore n'est pas un auteur facile et le moins que l'on puisse dire c'est qu'il s'est lâché sur ce titre. L'histoire est complexe et comporte plusieurs niveaux de lecture et plusieurs histoires dans l'histoire. Tout est pensé et réfléchi et plusieurs lectures sont nécessaire pour voir et comprendre certaines allusions, indices ou clins d'œil disséminés à travers les 12 numéros.
Dave Gibbons illustre cette histoire. Vu avec le regard d'un lecteur de 2013, le style de Gibbons peut paraître désuet et un peu statique (la structure des planches est composée de cases carrées très figées) mais il n'est pas dénué de charme. Il colle à l'intrigue et lui confère un côté oldie par désagréable un peu comme un bon film en noir et blanc.
Personnellement c'est la troisième fois que je lis cette série. Chaque lecture a été différente et à chaque fois j'ai vécu une expérience nouvelle.
Ma première lecture a eu lieu au début des années 90 avec l'édition de Zenda en 6 volumes. A l'époque je ne l'avais pas apprécié ne comprenant pas l'intrigue touffue et l'histoire terriblement sombre et torturée.
Je l'ai relu au milieu des années 2000, appréciant cette fois ci l'histoire mais bloquant sur l'ambiance.
Cette troisième lecture, 25 ans après la sortie du titre, m'a vraiment conquise. Peut être que j'ai maintenant la maturité et le vécus nécessaire pour appréhender l'œuvre. En tout cas j'ai adoré tout ce que j'ai lu. J'ai pris le temps de lire l'album lentement. Pas plus de deux numéros par jour histoire de les digérer posément.
Je suis curieux de voir ce que donnera une quatrième lecture dans 10 ans...
Pour cette relecture je me suis offert la version 2012 publié par Urban Comics. Il faut dire que ce "jeune" éditeur a frappé un grand coup en sortant une édition ultime de cette série. Le bébé fait plus de 450 pages, près de 2kg et regroupe les 12 numéros de cette série avec un cahier spécial regroupant des notes de production de Alan Moore ainsi que des dessins de travail de Dave Gibbons. En plus, et c'est non négligeable, le tout est imprimé sur papier mat ce qui convient mieux aux couleurs d'époque que le papier brillant adopté par Panini dans l'édition précédente.
A noter que le comic a connu une adaptation cinématographique en 2009 par Zack Snyder. Comme toute les adaptations de ces œuvres, Alan Moore l'a renié. C'est un peu rude car le film n'était pas si mal même si il faisait l'impasse sur de nombreux aspect (histoire de pirates, intrigues et personnages annexes, supplément de fin de numéro,...).
Comme je le disais au début de l'article, en 2012 DC a lancé une série de comics se déroulant pendant les 40 ans qui précédent Watchmen prénommée Before Watchmen. J'en parlerais dans un prochain message.
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