Toutes deux demandes des qualités qui me font défaut. Résultat, dans ma vie je peux compter mes amis sur les doigts d'une main et il en va de même des mes relations sentimentales.
Cela ne veut pas dire que n'apprécie pas la compagnie des autres et que je me complaise dans la solitude (bien que j'apprécie beaucoup cette dernière) mais voilà c'est très difficile pour moi d'aller vers les autres et de laisser les autres rentrer dans ma bulle. Pourtant j'aime beaucoup parler des heures avec un ou deux amis à la fois (mais pas plus ensemble car après c'est la foule).
Encore aujourd'hui j'ai beaucoup de mal à comprendre et à être en phase avec les émotions et les sentiments des autres. L'amitié demande des interactions et une réciprocité avec les autres qui me sont aussi peu familière qu'une langue étrangère. Résultat celui où celle qui veut être mon amie doit s'attendre à faire beaucoup plus que la moitié du chemin. Il ou elle doit comprendre que ce qui peut passer pour de l'indifférence, une distanciation ou un sentiments de supériorité n'en est pas et n'est qu'une manifestation de mon état. Je peux être également très maladroit dans mes paroles car une trop grande honnêteté me pousse à dire ce que je pense. Ne me demandez jamais ce que je pense si vous n'êtes pas près à entendre la réponse... Je dois faire de mon mieux pour être faux cul ou me taire pour ne pas froisser les autres.
Avec moi il faut provoquer les interactions. Ne me dite pas "passe quand tu veux" car je ne passerais jamais. Dite moi plutôt "passe samedi à 20h00 et porte ceci où cela". Je serais là à l'heure précise avec exactement ce que vous m'aurez demandé. Il en va de même si vous voulez sortir avec moi ou passer chez moi, autrement je ne saurais pas prendre d'initiative.
Enfant je n'avais pas d'amis et pour autant que je me souvienne il a fallut attendre mes 18 ans pour avoir quelqu'un qui puisse prétendre à cette appellation dans mon entourage. J'ai bien eu des camarades dans le début de ma vie mais ce n'étaient pas des amis tout au plus des opportunistes profitant plus de moi qu'autre chose. Les autres enfants et adolescents de mon âge sentaient bien ma différence et ne la comprenaient pas. À cet âge, on recherche la conformité et tout ce qui sort de l'ordinaire et est différent doit être combattu ou ignoré. Résultat jusqu'à la fin du lycée j'ai souvent été la source au mieux de moquerie ou d'indifférence au pire de de brimade. Pendant mes 18 premières années mes seuls amis étaient les livres et la télévision.
Passé 18 ans j'ai mis à profit mon expérience pour me créer ce que j'appelle ma "machine à faire semblant" sorte de mélange entre une d'armure, une tenue de camouflage et un traducteur universelle afin de pouvoir interagir avec les autres. Grâce à elle j'ai pu rentrer en contact avec le monde extérieur en renvoyant aux autres une image de normalité relative mais satisfaisante pour des relations limitées.
Au fil des années, je me suis lié d'amitié avec certaines personnes mais toujours pour de courte période. Généralement l'amitié dure le temps que l'autre découvre les fêlures de ma machine à faire semblant et se lasse de mes travers. Jusqu'à il y a quelques années j'ignorais tout du syndrome d'asperger et à plus forte raison que j'en étais affligé. Résultat je culpabilisais énormément quand je "gâchais" systématiquement toutes mes relations d'amitié sans savoir expliquer à l'autre le pourquoi de mon attitude. Encore aujourd'hui je repense avec douleur aux derniers mots d'un de mes meilleurs amis qui se méprenant sur mon compte a cassé notre amitié il y a 15 ans en disant qu'il en avait marre de moi, de mon indifférence et mon sentiment de supériorité. Je n'ai rien su lui répondre, ne me suis pas défendu et l'ai laissé partir. Aujourd'hui que je connais mon problème je saurais comment lui expliquer à qu'elle point il avait tord...
Ces nombreux échecs à répétitions font que je fuis les autres d'une certaine façon car j'en ai marre de décevoir ou blesser les autres et de souffrir autant quand on me tourne le dos. En effet, ce n'est pas parce que nous les aspies n'exprimons pas nos émotions de façon ouverte que nous n'en avons pas...
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